• Constitution

    La Thaïlande en route vers une démocratie dirigée?

    La junte thaïlandaise cherche à s’octroyer des pouvoirs exceptionnels pour "prévenir et réprimer" toute agitation à l’avenir, dans un projet de Constitution publié samedi, présenté par ses rédacteurs comme une voie de sortie de la crise politique mais considéré comme anti-démocratique par ses détracteurs.

    Le projet de texte doit encore être approuvé lors d’un vote le 6 septembre au sein du conseil de réformes mis en place par la junte, et pourrait, s’il est validé, être soumis à un référendum.
    Mais les opposants estiment que ce énième texte, dans cette jeune démocratie coutumière des refontes constitutionnelles, n’a d’autre but que d’installer pour de bon le pouvoir militaire au-dessus de la vie politique et d’empêcher la vraie démocratie de prendre racine.
    L’article 260 permet en effet aux militaires de remplacer tout gouvernement élu par un panel de "crise" composé de 22 membres nommés, s’ils l’estiment nécessaire. Cela à tout moment durant les cinq ans suivant la promulgation de la Constitution.
    Ce comité pourrait comprendre des hauts gradés de l’armée et autres officiels non élus, comme par exemple le Commandant Suprême des Armées et les chefs de l'armée de terre, de l'air et de la marine.
    Si le texte est promulgué, le comité peut user de ses pouvoirs exceptionnels n’importe quand "s’il devient nécessaire de préserver l’indépendance et l’intégrité du pays", dit le document.
    Son intervention peut également être justifiée "pour prévenir et réprimer l’incitation à l’agitation ou des menaces vis-à-vis de la paix et l’ordre et la monarchie ou l’économie du pays."
    La Thaïlande est coupée en deux depuis que le milliardaire et ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra a été évincé du pouvoir par un coup d’Etat en 2006 précipité par une série de manifestations contre lui.
    Depuis, le royaume a vu un autre putsch, trois Premier ministres destitués par décision de justice, et des cycles de longues manifestations marquées par des épisodes violents.
    Ces troubles qui perturbent la vie du pays et minent son économie sont à chaque fois le prétexte qui justifie (et rend acceptable par l'opinion) une intervention "salvatrice" de justice ou militaire.
    Mais plusieurs analystes estiment qu’il va en réalité mener à davantage de division et ralentir considérablement le développement de la démocratie dans le royaume.
    "La mise en place d’un super comité va altérer ou ralentir tout effort des Thaïlandais pour consolider leur démocratie," dit Paul Chambers, directeur de recherche à l’Institut des affaires du Sud-est asiatique en Thaïlande.
    "Les gouvernements élus vont devenir des cirques comiques superficiels tandis que la Thaïlande établit une vraie démocratie dirigée," dit-il, ajoutant que les dirigeants actuels de la junte devraient très certainement siéger au comité.

    « tuto zoomCorruption »
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