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    Un temple bouddhiste combat l'addiction avec boxe et chevaux

    Juchés sur leurs chevaux, moines bouddhistes et novices quittent leur temple dominant la vallée du Triangle d'Or pour collecter des aumônes. Dans cette région grande productrice de drogue, quelques religieux misent sur la pratique du cheval, la boxe thaïe et la méditation pour éloigner les plus jeunes de la toxicomanie.
    "Chez moi, on n'a pas assez à manger. Mon père se drogue et ne travaille pas", explique le jeune Ponsakorn Mayer, surnommé Tawan, parmi les novices intégrés à cette étrange procession équestre quotidienne le long des pentes abruptes dévalant du monastère.
    Comme de nombreux jeunes de cette région du nord de la Thaïlande, aux confins de la Birmanie et du Laos, où la tradition du trafic de drogue fait des ravages depuis des générations, Tawan a trouvé refuge au sein du "temple du cheval d'or".
    Dans ce lieu hors normes, les moines réalisent un travail d'accompagnateurs sociaux, rare en Thaïlande. Ici, les boxes réservés aux chevaux avoisinent un imposant ring, entourés de vieux posters de boxeurs.
    Sous l'impulsion d'une ancienne légende de la boxe thaïe, le temple a fait de l'équitation et de la boxe la matrice de l'éducation fournie aux enfants et adolescents issus de familles ravagées par la drogue.
    "Sans le temple, je n'aurais pas pu découvrir qu'une vie aussi active était possible... Tout ce que je vois dans mon petit village, ce sont des gens impliqués dans les problèmes de drogues", raconte Tawan. Le jeune homme, âgé de 19 ans, en est à son deuxième séjour au temple.
    La plupart des novices souffrent de malnutrition à leur arrivée et sont orphelins ou ont été abandonnés par leurs parents toxicomanes.
    "La vie dans ces collines est difficile et les gens tombent souvent dans la drogue et ne s'occupent pas de leurs enfants. Nous leur apportons la paix et des connaissances pour qu'ils puissent, en repartant d'ici, être responsables d'eux-mêmes", explique Pra Sutipong, le moine principal, qui a repris les rênes du temple depuis quelques mois.
    Dans cette région, une partie de la population locale est aujourd'hui accro aux méthamphétamines, version moderne de l'opium et de l'héroïne d'antan.
    L'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) estime que chaque année, dans cette région, sont fabriquées plus de 1,5 milliard de pilules de "yaba", nom thaïlandais de cette drogue. La plupart proviennent de petits laboratoires mobiles et isolés au cœur de la jungle de l'Etat Shan, en Birmanie voisine.

    Des consommateurs de plus en plus jeunes

    "La consommation de drogues est un terrible problème dans les régions du nord de la Thaïlande, où se concentre le plus grand nombre de drogués. Et nous n'avons pas assez de centres de désintoxication", déplore Apisak Wittayanookulluk, qui en dirige un à Chiang Mai.
    "La prévention doit aussi être développée. Car on constate aujourd'hui que les consommateurs et vendeurs de drogues sont de plus en plus jeunes", ajoute-t-il. En Thaïlande, les temples bouddhistes ont une importante vocation sociale, éduquant des milliers de jeunes de familles défavorisées à travers le royaume ou fournissant des repas aux pauvres.
    Le jeune Tawan souhaite prolonger ce qu'il a appris au temple, une fois retourné à la vie civile, et faire de la prévention de la toxicomanie son projet de vie.
    "Au départ, je pensais rester ici et continuer à travailler dans le temple, mais j'ai des responsabilités chez moi. Je dois m'occuper des enfants de ma famille, les mettre en garde contre les dangers de la drogue", ajoute le jeune homme, qui aimerait aussi monter un centre d'enseignement agricole.
    "Il y a peu de travail dans notre région et c'est aussi pour cela que beaucoup de gens vendent ou servent de mules pour la drogue", ajoute-t-il.
    Ici, les novices se relayent pour accomplir les tâches quotidiennes. Ils occupent une large partie de leur journée à nourrir et soigner les animaux, mais reçoivent aussi des rudiments d'agronomie et gèrent quelques hectares de cultures maraîchères.
    Le but est d'apprendre à ces enfants déstructurés à être responsables d'un autre être vivant, explique Pra Sutipong. Quant à la boxe thaïe, autrefois enseignée dans les temples, elle leur permet de gérer leur corps et leurs émotions.
    "Heureusement que le temple s'occupe des enfants pauvres", commente Suk Namsaeng, 39 ans, qui habite un village à quelques kilomètres de là, où les moines descendent chaque matin à cheval pour recueillir les aumônes.
    "La plupart des villageois ne savent pas à quel point les drogues sont dangereuses. Leurs parents étaient déjà accros et donc la génération d'après estime qu'il est normal de se droguer".

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