• police:grand menage?

    Police:grand nettoyage?

    La junte veut affaiblir l’opposition en faisant le ménage dans la police

    Le premier flic de Thaïlande affirme avoir pour tache de redorer l’image de la police, institution largement associée à la corruption. Mais certains estiment que son vrai rôle consiste à jouer les hommes de main pour une junte qui cherche à mater la police et son patron, le milliardaire ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra.
    Depuis de très nombreuses années, la bonne ou moins bonne fortune de la police thaïlandaise et de l’armée dépend de qui est au gouvernement, avec argent, rang et pouvoir accordés à l’institution du moment.
    Jusqu’au coup d’Etat de mai 2014, les affaires des forces de police ont fleuri sous la coupe des gouvernements successifs du clan Shinawatra, frustrant une armée dont la prééminence est habituellement assurée par son budget colossal, ses liens avec l’establishment royaliste et son penchant pour s’emparer du pouvoir lorsque le les choses ne vont va pas dans le sens qui lui sied.
    Aujourd’hui, les militaires sont au pouvoir, et la junte semble déterminée à amener la police à rester au pied.
    Après avoir largement remporté les élections de 2001, Thaksin, un ancien officier de police reconverti dans les affaires, a parachuté ses hommes de confiance aux postes clés de décision. Des affectations qui ont indéniablement renforcé l’ancrage politique de sa famille – surtout dans le nord du royaume – jusque dans les petites localités où même les policiers au bas de la hiérarchie exercent une autorité substantielle.
    Ses ennemis disent de Thaksin qu’il s’est constitué un réseau de fiefs policiers alimentés par la corruption et endettés auprès de sa famille milliardaire, unissant le destin de la police au sien après avoir été renversé par le coup d’Etat militaire de 2006.
    Le chef de la junte, Prayut Chan-O-Cha, qui a fait le bilan le 17 avril de ses six premiers mois à la tête du gouvernement, s’est largement consacré à rompre cette alliance. Les putschistes ont en effet lancé, aussitôt après le coup, une vaste opération de nettoyage de la hiérarchie policière, sous couvert de lutte contre la corruption. C’est dans le cadre de cette purge des hauts fonctionnaires que Prayut a fait de Somyot Poompanmoung son commissaire, mettant au rancard le précédent titulaire choisi par Yingluck Shinawatra, la sœur de Thaksin devenue Premier ministre au nom de son frère, en fuite depuis 2008 pour échapper à une peine de prison pour conflit d’intérêts.
    Somyot, qui continue d’écarter les fidèles de Thaksin, estime le fait que "l’ombre des politiciens" a toujours plané sur l’institution forte de 200.000 agents – bien qu’il siège désormais à l’Assemblée législative, sorte de Parlement dont les membres sont nommés par la junte.
    "Les partis politiques interfèrent avec la police et des officiers de police ont servi des hommes politiques dans l'espoir d'être promus", accuse l’officier de 59 ans, qui déclare un patrimoine de 11,5 millions de dollars, constitué d’investissements divers, de biens immobiliers et de missions de consultant pour des entreprises.
    "Nous sommes prêts pour le changement", dit-il.
    Bons flics et mauvais flics Les Thaïlandais se plaignent sans cesse que leur police est plus efficace à écumer les trottoirs en quête de bakchichs qu’à résoudre des affaires. Somyot a juré de transférer, arrêter ou poursuivre tout policier coupable de faits de corruption. Fidèle à ses promesses, il a déjà mis au pilori plusieurs officiers de haut rang dont le chef du Bureau Central d’Investigation, emprisonné avec son adjoint en janvier pour avoir prétendu agir au nom de la famille royale pour soutirer de l’argent tandis qu’ils dirigeaient un empire criminel depuis l’intérieur de la police.
    "Dans toute grande organisation, il y a de bonnes et de mauvaises personnes", confie Somyot.
    "Mon souhait est d'améliorer la vision que la population se fait de la police," explique-t-il, derrière son bureau en bois massif au siège de la police à Bangkok.
    Mais selon certains analystes, Somyot est surtout là pour exécuter le souhait d’une armée qui a besoin de contrôler la police, par extension, les Shinawatra, une famille dont les politiques populistes ont permis de remporter toutes les élections nationales depuis 2001 et aussi de s’attirer la haine des élites de Bangkok.
    Somyot a pour mission de "transformer la police pour en faire un rouage durablement intégré au mécanisme des militaires", estime Paul Chambers, directeur de recherche à l'Institut des Affaires d'Asie du sud-est à Chiang Mai.
    "Et éliminer l’influence des politiciens locaux tels que Thaksin," ajoute-t-il.
    Pour cela, Somyot a appelé à une restructuration du conseil d’administration de la police, actuellement présidé par le Premier ministre, pour faire en sorte que ce dernier ne nomme plus les prochains chefs de la police nationale.
    La police nationale est également sur le point d’être amaigrie lorsque la police maritime et les gardes forestiers vont être placés sous l’autorité de ministères.
    Le 8 avril, la junte a mis un nouveau tour de vis, donnant aux militaires le pouvoir de mener des contrôles de routine, mais aussi de procéder à des enquêtes et à des arrestations, grignotant les prérogatives de la police.
    Le décret permet "aux officiers militaires d’interférer dans le travail de la police", regrette Puangthong Pawakapan, experte en politique thaïlandaise à l’université Chulalongkorn.

    L’argent, toujours l’argent

    Quelles que soient les motivations derrière, la réforme de la police est un sujet qui revient souvent mais qui ne débouche sur rien de concret, selon l’ancien propriétaire de salons de massages, Chuwit Kamolvisit, qui s’est fait une place en politique en dénonçant la corruption de la police qu’il pratiquait lui-même sur les forces de l’ordre.
    La culture des promotions payantes au sein de la police est trop profondément ancrée dans les mentalités, estime Chuwit, qui précise que les jeunes policiers ne gagnant que 400 euros par mois, tirent leur complément de salaire par les pots-de-vin.
    "Le rang et le statut font tout ici en Thaïlande… quand vous êtes un policier de base en quête d’ascension, il vous faut avoir le bon chef," et de préférence "dans un commissariat en or – près d’un casino ou un quartier rouge", explique-t-il.
    Le poste de chef de la police nationale thaïlandaise est réputé précaire compte tenu des changements de pouvoir fréquents au sein du gouvernement.
    Somyot doit prendre sa retraite en septembre lorsqu’il aura atteint l’âge de 60 ans.

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