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Attentat
Attentat
Un suspect recherché après la "pire attaque" jamais commise dans la capitale thaïlandaise
La police recherchait mardi un "suspect" aperçu en train de déposer un sac à dos sur les lieux de l'attentat qui a fait lundi 20 morts à Bangkok, majoritairement des étrangers, qualifié par le chef de la junte au pouvoir de "pire attaque" jamais commise en Thaïlande.
L'explosion s'est produite à la tombée de la nuit au sein d'un sanctuaire à ciel ouvert, lieu très fréquenté de la capitale thaïlandaise. A cette heure de pointe, la foule des employés et des cadres de la capitale croise celle des touristes étrangers, attirés par les immenses centres commerciaux et les hôtels de luxe à proximité.
Mardi après-midi, un suspect a été identifié grâce aux images des nombreuses caméras de surveillance de la capitale, et était activement recherché.
La police a fait circuler des images issues des caméras de vidéo-surveillance montrant un jeune homme vêtu d'un T-shirt jaune et d'un short foncé, aux cheveux bruns. Ce dernier est vu déposant sous un banc un sac à dos sombre qui semble lourd, avant de quitter les lieux.
Sur les dernières images, il semble consulter son téléphone portable.
"Il est clair qu'il est l'auteur" de l'attaque, a déclaré Prawut Thavorn, porte-parole de la police, sur Canal 3, une télévision locale, ajoutant que la police recherchait aussi le conducteur de la moto-taxi que le suspect avait empruntée pour quitter les lieux.
"Cette attaque est la pire" jamais commise, a déclaré Prayut Chan-0-Cha, chef de la junte et Premier ministre depuis le coup d'Etat de mai 2014.
Les autorités estiment que les auteurs de l'attentat visaient les étrangers et voulaient "porter atteinte au tourisme", l'un des rares secteurs en bonne santé d'une économie thaïlandaise en berne.
Au moins onze étrangers figurent parmi les 20 victimes: quatre Malaisiens, trois Chinois, deux Hongkongais, un Singapourien, et un Indonésien ont été tués, d'après la police. Six Thaïlandais ont également perdu la vie. Trois corps restaient en outre à identifier.
Les autorités britanniques ont confirmé qu'une résidente de Hong Kong portant un passeport britannique avait été tuée. Il n'était pas possible dans un premier temps de savoir si elle avait la double nationalité et était comptabilisée parmi les Hongkongais, mais la police thaïlandaise n'a pas fait état de Britanniques parmi les victimes.
L'agence officielle chinoise Xinhua a annoncé tard mardi que quatre Chinois avaient été tués.
En outre, 123 personnes ont été blessées, parmi lesquelles des ressortissants du Japon, de Hong Kong, d'Indonésie, de Malaise, des Maldives, d'Oman, des Philippines et de Singapour.
En début d'après-midi, c'est une autre zone touristique de la ville, proche de la rivière, qui a été touchée. Un petit engin explosif, lancé sur des passants près d'une station de métro aérien a explosé sans faire de victimes.
Le cours du baht thaïlandais s'est effondré mardi, touchant son plus bas niveau depuis six ans.
Les autorités cherchent également à identifier les auteurs des messages Facebook mettant en garde contre un danger imminent à Bangkok avant l'explosion. Ces publications proviennent d'un "groupe anti-junte" basé dans le nord de la Thaïlande.Aucune revendication
La Thaïlande, pays très divisé, est le théâtre de violences politiques meurtrières depuis environ une décennie.
Le nord-est du pays est le bastion des Chemises rouges, qui soutiennent l'ancien gouvernement chassé du pouvoir après des mois de manifestations lors du coup d'Etat.
L'ancien Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, soutenu par le puissant mouvement des Chemises rouges, est notamment au cœur des fractures du royaume.
"Même si elles (les Chemises rouges) sont acharnées à faire tomber le gouvernement, je ne les vois pas cibler un sanctuaire religieux hindou ou autre", a déclaré à l'AFP Zachary Abuza, expert indépendant du terrorisme du sud-est asiatique.
Aucun groupe n'a pour l'instant revendiqué l'attentat mais les autorités ont indiqué que le mode opératoire ne ressemblait pas aux attentats fréquents dans le sud du pays.
Cette région limitrophe de la Malaisie est en proie à un conflit qui a fait plus de 6.300 morts depuis 2004. Et aucune attaque n'a jamais été confirmée à l'extérieur de cette région malgré les années de guerre.
"La bombe visait à tuer autant de personnes que possible, puisque le sanctuaire est bondé aux alentours de six et sept heures le soir", a souligné le porte-parole de la police Prawut Thavornsiri.
Mardi, le site de l'explosion est resté bouclé alors que des dizaines d'experts étaient à pied d’œuvre, cherchant à collecter des indices sur la bombe de trois kilogrammes. Ce temple très populaire dédié au dieu hindou Brahma, attire chaque jour des milliers de fidèles bouddhistes.
Hong Kong a mis en garde ses résidents contre tout voyage à Bangkok pour des motifs qui ne seraient pas impératifs. Pékin a condamné l'attentat et a demandé à Bangkok d'assurer la sécurité de ses ressortissants. L'Australie, les Philippines, Singapour ont également recommandé la prudence à leurs ressortissants.
Dans les rues du centre-ville de Bangkok, de nombreuses forces de police avaient été déployées et des centaines d'écoles fermées. Au centre de la Croix rouge, des centaines de Thaïlandais faisaient la queue mardi pour donner leur sang.
"Cela ne devrait pas arriver au peuple thaïlandais", a dit Kulsitthiwong, vendeur de téléphones portables, en larmes dans la file.
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