• Barrage

    Au Laos, le chantier du barrage controversé sur le Mékong relancé.

    A Phnom Penh, le 7 novembre. Le projet de construction du barrage de Xayaburi, dans le nord du Laos, inquiète les pays voisins et les écologistes, qui redoutent l'impact de l'ouvrage sur l'habitat, la pêche et l'agriculture.
    Le gouvernement du Laos a officiellement relancé, mercredi 7 novembre, le chantier du très controversé projet de barrage de Xayaburi, sur le Mékong. La construction de cet ouvrage dans le Haut-Laos suscite les craintes du Cambodge et du Vietnam. Depuis dix-huit mois, ce projet était suspendu en raison de l'incapacité du Laos, du Cambodge, de la Thaïlande et du Vietnam à se mettre d'accord sur cet énorme projet hydro-électrique dont le coût est évalué à 3,8 milliards de dollars (2,9 milliards d'euros) et la puissance à 1 260 mégawatts (MW).
    En décembre 2011, ces quatre pays s'étaient réunis une nouvelle fois au sein de la Mekong River Commission (MRC) et avaient décidé de mener de nouvelles études afin d'évaluer plus précisément les conséquences sur les écosystèmes de la région de ce barrage, qui pourrait être le premier de douze ouvrages sur le fleuve.
    Mais il y a quelques jours, et sans qu'ait été annoncé un nouvel accord sur le lancement des travaux, le secrétaire d'Etat laotien à l'environnement et aux mines, Viraphonh Viravong, annonçait dans la presse que les "travaux de construction commenceraient cette semaine" et que l'inauguration "aurait lieu le 7 novembre".
    Thongsing Thammavong, le premier ministre laotien, le 6 novembre à Vientiane. Le chef du gouvernement a nié mardi auprès du "Wall Street Journal" l'imminence de l'ouverture du chantier, alors que celui-ci a été inauguré le lendemain. Thongsing Thammavong, le premier ministre laotien, le 6 novembre à Vientiane. Le chef du gouvernement a nié mardi auprès du "Wall Street Journal" l'imminence de l'ouverture du chantier, alors que celui-ci a été inauguré le lendemain.
    En dépit d'une "sortie" surprenante du premier ministre laotien Thongsing Thammavong, qui avait nié mardi, auprès du Wall Street Journal, la réalité de cette inauguration, allant jusqu'à affirmer que le début de la construction dépendrait du résultat "de nouvelles études", la cérémonie s'est bien déroulée mercredi en présence de diplomates vietnamiens, cambodgiens, d'officiels du gouvernement laotien et de moines bouddhistes.
    Le premier ministre laotien a-t-il cherché à noyer le poisson, si l'on peut dire ? Au vu de l'hostilité provoquée par ce projet, le gouvernement de la République démocratique populaire lao a tout lieu d'être prudent. Les travaux de construction n'ont pourtant jamais cessé, même s'il ne s'est agi pour l'instant que de travaux préparatoires menés par la compagnie thaïlandaise chargée du projet. La Thaïlande est d'autant plus concernée qu'elle va sans doute acheter 95 % de l'électricité générée.

    OUVRAGE "TRANSPARENT"

    Le Vietnam, qui s'est de longue date déclaré "profondément" inquiet, redoute pour sa part les retombées négatives du barrage sur l'industrie de la pêche dans le delta du Mékong en raison de la diminution du volume de l'eau parvenant en aval. Plus généralement, les spécialistes s'inquiètent des problèmes de sédimentation provoqués par la retenue et de l'aggravation de phénomènes de salinisation des surfaces cultivables.
    Comme l'explique Dominique Van der Borght, directeur pour le Laos de l'ONG Oxfam, il est "regrettable que la recommandation d'un moratoire de dix ans approuvé par la MRC sur la construction de tout barrage sur le Mékong ne soit pas prise en compte. Il existe suffisamment d'alertes de scientifiques pour craindre un impact non négligeable sur la sécurité alimentaire de plus de 60 millions de riverains du Mékong. Des études approfondies de l'impact du barrage de Xayaburi doivent prendre en compte beaucoup plus sérieusement ce problème de l'accès aux ressources piscicoles comme principale source de protéines ou la fertilisation naturelle des sols due aux sédiments. Il s'agit là d'un enjeu majeur".

    Ci-dessous, une vidéo de l'ONG thaïlandaise Living River Siam contre le barrage (en anglais).



    Le secrétaire d'Etat laotien à l'énergie et aux mines s'est néanmoins efforcé d'apaiser les craintes des voisins du Laos et des groupes de pression écologistes : "Le barrage a été redessiné afin d'en faire un ouvrage "transparent" qui permette aux poissons de passer et aux sédiments de s'écouler", a affirmé il y a quelques jours M. Viravong au quotidien Vientiane Times.
    Deux conceptions du développement entrent à nouveau en collision : pour le Laos, pays pauvre de 6,5 millions d'habitants et dirigé par un système de parti unique, l'avenir réside dans l'exploitation de son fort potentiel hydroélectrique. Le but affiché est de devenir la "batterie" d'une région où la consommation en électricité devrait croître de 6 % à 7 % par an d'ici à 2025.
    Les défenseurs de l'environnement soutiennent qu'un tel barrage va provoquer le déplacement forcé de plus de 2 000 personnes et aura des répercussions pour des centaines de milliers d'autres vivant au bord du fleuve

    « ToléranceInfos Laos »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :


console.log("Bonjour en JavaScript !");