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Libérations
7.000 prisonniers libérés dont 210 étrangers
La Birmanie a ordonné jeudi la libération de milliers de prisonniers, dont des dizaines de bûcherons chinois, lors d'une amnistie de masse, signe de "bonne volonté" des autorités après des accrochages avec ses voisins, ont indiqué des responsables.
Sur ordre du président Thein Sein, la Birmanie va relâcher 6.966 détenus - dont 210 étrangers - dans tout le pays pour bonne conduite, d'après un communiqué publié sur le site du ministère de l'Information.
Cette décision est de la part des autorités un signe de "bonne volonté et vise à maintenir des relations amicales entre les pays", précise le texte.
Parmi les prisonniers libérés figurent notamment 155 Chinois qui avaient été condamnés la semaine dernière à de très longues peines pour abattage d'arbres illégal et trafic de bois dans le nord du pays, près de la frontière chinoise, a précisé sous le couvert de l'anonymat un responsable du ministère de l'Intérieur.
Ces derniers ont été libérés jeudi de la prison de Myitkyina, d'après Kyaw Kyaw Oo, membre d'un groupe de défense des prisonniers politiques, qui les a vus quitter la prison dans "cinq véhicules".
Dans un communiqué, Hong Lei, porte-parole chinois du ministère des Affaires étrangères, a indiqué "être très attentif aux mesures pertinentes prises par la Birmanie" et précisé que les bûcherons seraient rapatriés en Chine vendredi.
Leur condamnation avait été accueillie avec indignation par les médias d'Etat chinois, et Pékin avait demandé à la Birmanie d'être "raisonnable" dans cette affaire, alors que les relations sino-birmanes sont de plus en plus tendues.
Jeudi, à l'annonce de leur libération, ce sont les Birmans qui se sont déchaînés sur les médias sociaux accusant leur pays d'avoir peur de la Chine.
En dehors de ces bûcherons chinois, les autorités n'ont en revanche pas clairement précisé si des prisonniers politiques figurent parmi les personnes qui vont être libérées.
Cette décision est la dernière en date d'une série d'amnisties depuis l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement civil, qui a relâché des centaines de dissidents.Test démocratique
Le gouvernement quasi-civil de Thein Sein en place depuis 2011 a été souvent salué par la communauté internationale pour avoir mis en place toute une série de réformes.
L'ouverture du pays s'est en effet concrétisée par l'amnistie de milliers de prisonniers politiques et par l'entrée au Parlement du parti de l'opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.
Cette petite révolution avait permis la levée de la plupart des sanctions occidentales contre le pays, qui doit tenir en novembre des élections législatives cruciales, grand test démocratique pour cet ex-Etat paria.
Elles sont d'autant plus importantes que le régime est maintenant accusé de faire machine arrière et d'avoir durci ses positions: des centaines de militants et manifestants ont été arrêtés ces derniers mois et la liberté de la presse n'est pas toujours respectée.
Dans ce contexte, ces amnisties sont parfois vues davantage comme un calcul politique de la part de l'homme fort du régime.
Les bûcherons chinois avaient été arrêtés en janvier lors d'une vague de répression contre les activités forestières illégales dans l'Etat Kachin, dans le nord du pays.
Dans cette région en proie à un conflit qui oppose l'armée et des rebelles, les deux parties sont accusées d'exploiter illégalement les ressources naturelles au profit de compagnies chinoises.
Les Chinois avaient été quasiment tous condamnés à 20 années de prison, d'après un fonctionnaire de la région.
La Chine est restée tout le temps de la dictature militaire un allié proche de la Birmanie et un grand partenaire commercial.
En échange, les compagnies chinoises se sont largement implantées en Birmanie pour exploiter les grandes ressources minières, hydrauliques et forestières du pays, soulevant souvent la colère de la population birmane, le plus souvent laissée pour compte.
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