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    14/09/14

    SUD THAILANDE

    La junte face au conflit insurrectionnel.

    Ri, étudiant habitant dans l'extrême sud insurrectionnel de la Thaïlande, a été détenu pendant près de deux semaines par les militaires. Signe selon lui de l'impunité des autorités, qui augure mal d'une possible paix sous la junte.
    Ri a été arrêté le 26 juillet, soupçonné d'avoir posé une bombe artisanale à Pattani, capitale de l'une des trois provinces de l'extrême sud du royaume où l'armée lutte depuis une décennie contre des rebelles musulmans autonomistes.
    "Je leur ai dit que j'étais innocent, mais ils m'ont gardé. Je ne sais pas pourquoi", explique cet homme de 23 ans dont le prénom a été changé, dans son village de la région de Pattani.
    Celle-ci est au cœur d'un conflit qui a fait plus de 6.100 morts, bouddhistes et musulmans, depuis 2004, dans des explosions, fusillades ou opérations des forces de l'ordre.
    Les militaires "n'arrêtaient pas de me demander «Où étais-tu quand les bombes ont explosé»?", ajoute-t-il.
    Deux jours après le coup d'État du 22 mai, une série d'attentats à la bombe avait fait plusieurs morts et blessés à Pattani, dans une apparente volonté de la rébellion de rappeler à la junte la réalité du conflit.
    Ri ne comprend aujourd'hui toujours pas comment il s'est retrouvé sur la liste des suspects. Son frère et son père n'ont réussi à le localiser qu'au bout de deux jours. Et il a finalement été relâché après près de deux semaines, sans accusations formelles ni explications, encore moins d'excuses de la part des militaires.

    "Arrêter de nous arrêter"

    Dans cette région soumise à un état d'urgence depuis des années, les suspects peuvent être détenus sans inculpation plus de cinq semaines. Cette culture de l'impunité dans l'extrême sud, largement dénoncée par les défenseurs des droits de l'Homme avant même le coup d'État, laisse un goût amer à l'étudiant.
    Elle augure mal selon lui des ambitions affichées par le chef de la junte, le général Prayut Chan-O-Cha. "Prayuth dit qu'il veut la paix. Mais il doit d'abord arrêter de nous arrêter", insiste le jeune homme.
    "Notre traque des suspects est devenue plus agressive", confirme le colonel Pramote Promin, porte-parole du Commandement interne des opérations de sécurité (ISOC), unité de l'armée chargée de la sécurité intérieure. Depuis le 22 mai, les arrestations ont été "nombreuses" dans l'extrême sud, dit-il, sans plus de précisions.
    Dans le même temps, la junte martèle sa volonté de relancer les négociations de paix. Mais les groupuscules rebelles, qui se battent pour arracher à Bangkok un certain degré d'autonomie pour leur région, n'ont toujours pas donné de signe de retour à la table des négociations, selon une source proche du dossier.

    Négociations de paix "sous la menace du fusil"

    Dans cette région rattachée à la Malaisie jusqu'au début du XXe siècle, la Thaïlande majoritairement bouddhiste a mené une politique d'assimilation des musulmans autochtones à marche forcée ou à coups d'incitations financières. Les différents rounds de négociations lancés en 2013 par le dernier gouvernement civil avec certains représentants des insurgés musulmans ( qui ne font pas partie d'un mouvement jihadiste mondial ) ont tous échoué.
    Le général Prayuth a indiqué vendredi que la Malaisie avait accepté de continuer à être médiateur du processus.
    "Personne ne croit en Prayuth et en ses négociations de paix. Elles se tiendront sous la menace du fusil", se dit sceptique Anchana Heemmina, de l'association Duoy Jai, qui fournit une aide juridictionnelle aux personnes interpelées.
    "Les récentes expériences des villageois sont à l'opposé de la paix. Ils ont été harcelés et arrêtés", accuse-t-elle, témoignant d'une dégradation de la situation des droits de l'Homme qui érode un peu plus la confiance dans la bonne volonté des autorités thaïlandaises.
    Le 20 août, un garçon de 14 ans a été tué par erreur par un soldat, qui a tenté de maquiller sa bavure en mettant une arme post-mortem dans la main de l'adolescent. Les autorités militaires ont largement médiatisé les poursuites lancées contre le soldat, dans un apparent signe de révision de la culture de l'impunité.
    Vendredi, l’explosion d’une bombe artisanale sur une voie de chemin de fer dans la province de Narathiwat a provoqué l’interruption des liaisons ferroviaires entre les gares de Tanyongmas et Sungai Kolok mais n’a pas fait de victimes. Le service a été rouvert dimanche en fin de journée.

    « CastrationBuffalos »
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