• Ajustement

    "Ajustement d’attitude" pour 3 militants après une mini-manif à Bangkok

    La police thaïlandaise a arrêté dimanche trois militants qui s’étaient rassemblés sur Victory Monument, à Bangkok, pour distribuer des T-shirts et des tracts appelant la junte à organiser un forum hebdomadaire pour permettre au public d’échanger des idées avec le pouvoir. Ils ont subi ce que les militaires appellent un "ajustement d’attitude" avant d’être relâchés moyennant une petite amende policière pour trouble de l’ordre public.
    Trois Thaïlandais d’une quarantaine d’années ont été arrêtés dimanche matin devant le centre commercial Center One, près de la place de Victory Monument à Bangkok, pour avoir organisé une manifestation.
    Durant ce mini-rassemblement l’un des manifestants offrait des T-shirts blancs portant un dessin d’oiseau muselé et les pattes attachées.
    Les trois hommes ont également distribué un communiqué qui précisait tout d’abord qu’il ne s’agissait pas d’une marche de protestation ni un défi à la loi martiale et que le groupe appelait le gouvernement nommé par la junte à organiser un forum hebdomadaire pour "travailler à l’émergence d’idées en collaboration avec les gens à travers le pays".
    Le trio, membre d’un groupe appelé Serichon Thailand 58 (Les hommes libres Thaïlande 2015), n’a pas donné plus de détails sur le genre d’idées dont il souhaitait discuter, mais a appelé à un forum plus large que le conseil des réformes mis en place par les militaires après le putsch pour tabler sur des idées telles que combattre la corruption.
    L’idée d’inviter chaque semaine le public à s’exprimer sur les solutions pour l’avenir du pays semble également prendre le contrepied du monologue hebdomadaire de Prayuth Chan-O-Cha. Chaque vendredi soir depuis le putsch, les émissions télévisées des chaines contrôlées par l’Etat, diffusent une longue allocution du Premier ministre/Chef de la junte, qui fait le point sur les mesures mises en place ou à venir et s’en explique, seul face caméra.
    Les généraux ont interdit tout rassemblement politique de plus de cinq personnes - même les débats ou conférences universitaires - dans le cadre de la loi martiale imposée le 20 mai dernier, deux jours avant le coup d’Etat.
    Bien que cette mini-manif ne dépassait pas le quota de cinq personnes, le colonel de police Vichai Dangprakob a indiqué à l’AFP que les trois hommes avaient été détenus pendant plusieurs heures après la manifestation pour "ajustement d’attitude". Il a un peu plus tard confirmé qu’ils avaient été relâchés sans que l'arrestation ne soit formalisée, ni inculpation.
    "L’armée a seulement parlé avec eux et ajusté leur attitude," a déclaré Vichai, ajoutant que la police leur avait fait payer une amende de 100 bahts (près de 3 euros) à chacun pour avoir "dérangé le public".
    Les séances d’"ajustement d’attitude" sont utilisées par la junte pour tancer ceux qui ne coopèrent pas avec les militaires et dont l’attitude est jugée subversive.
    La junte assure que les convocations sont de simples invitations. Mais en réalité, tout refus de coopérer peut entrainer des réprimandes, menaces et intimidations sévères, comme beaucoup ont pu en témoigner puisque plusieurs centaines de personnes sont passées par là au lendemain du coup d'Etat.
    La junte affirme qu’elle organisera de nouvelles élections début 2016, une fois que les réformes – dont font notamment partie la lutte contre la corruption et la réduction du pouvoir des politiciens – seront dument codifiées dans une nouvelle Constitution.
    Les militaires ont répondu de manière relativement agressive à toute forme d’opposition au coup d’Etat et semblent avoir engagé, avec l’aide de diverses instances légales, une neutralisation en profondeur du clan Shinawatra - qui a remporté toutes les élections nationales depuis 2001 dans le cadre de deux Constitutions dont la dernière, rédigée par une assemblée constituante aux mains des putschistes de 2006, avait aussi pour but de réduire le pouvoir des politiciens.
    Plusieurs manifestants ont été arrêtés ces derniers mois pour avoir porté en public des exemplaires du livre "1984" de Georges Orwell ou pour avoir arboré le salut à trois doigts du film hollywoodien "The Hunger Games", deux actes qui sont devenus des symboles d’opposition au régime.
    Le mois dernier, trois anciens ministres, l’un des leaders du mouvement d’opposition des Chemises rouges et l’avocat de l’ancienne Première ministre Yingluck Shinawatra, ont eux aussi été forcés de se rendre dans les casernes pour "ajustement d’attitude".
    Le chef de la junte, Prayuth Chan-O-Cha, nommé Premier ministre après le coup d’Etat, a menacé de mesures punitives quiconque critiquerait le régime, y compris interdire les opposants de quitter le territoire.

    « Lese-majesteCrash »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :


console.log("Bonjour en JavaScript !");