• Négociations pré-électorales sous l’œil de Washington

    L'opposante birmane Aung San Suu Kyi a accepté de participer vendredi à un sommet inédit, à l'invitation du président Thein Sein, à un an de législatives suivies de près par Washington.
    La prix Nobel de la paix et le président réformateur sont entrés ensemble dans la salle de réunion, devant la presse internationale conviée en nombre à Naypyidaw, la capitale de la Birmanie. A la mi-journée, rien n'avait filtré des discussions.
    Quelques heures plus tôt, Barack Obama a appelé son homologue birman pour saluer l'organisation de ce sommet.
    Le président américain a également parlé au téléphone avec Aung San Suu Kyi, évoquant avec elle la façon dont Washington pouvait "soutenir les efforts visant à promouvoir (...) un environnement politique plus ouvert".
    Avec l'ex-général Thein Sein, qui a promis des élections libres, Obama "a souligné la nécessité d'un processus ouvert et crédible pour l'organisation des législatives de 2015", selon la Maison Blanche.
    La Ligue nationale pour la démocratie (LND) de la députée Suu Kyi est en effet favorite à ce scrutin, ce qui lui laisserait la main, une fois majoritaire au Parlement, pour élire Suu Kyi présidente.

    Suu Kyi présidente ?

    Mais tout le débat politique tourne autour du fait que l'opposante de 69 ans, qui a passé de longues années en résidence surveillée sous la junte et est devenue une icône internationale, ne peut pas devenir présidente.
    La Constitution, qui date de la junte, est en effet accusée d'avoir été taillée sur mesure pour barrer la voie du pouvoir à Suu Kyi. Elle précise que quiconque a épousé un étranger ou a des enfants de nationalité non-birmane ne peut accéder à la fonction suprême, ce qui est le cas d'Aung San Suu Kyi, veuve d'un Britannique.
    C'est la première fois qu'une rencontre de cette ampleur, avec tous les acteurs politiques, est organisée depuis la dissolution de la junte militaire en 2011.
    Depuis des mois, une commission parlementaire est chargée d'examiner un possible changement de la Constitution avant les législatives, sans annonce jusqu'ici.
    Le Parlement actuel devra ensuite approuver ce changement à hauteur de 75% des députés, ce qui nécessiterait un large consensus, y compris chez les militaires, qui restent une puissante composante politique et se voient toujours réserver, de par la Constitution, 25% des sièges au Parlement.
    La LND a fait monter la pression récemment en organisant une grande pétition en faveur d'un changement de la Constitution. Elle a récolté près de cinq millions de signatures à travers le pays.
    Mais, malgré les réformes spectaculaires opérées depuis l'auto-dissolution de la junte en 2011, la scène politique reste largement dominée par des anciens membres de la junte reconvertis, au premier rang desquels le président Thein Sein.
    Mais, selon les analystes, les luttes de pouvoir sont intenses, au sein même de l'appareil d'état.
    Il y a aujourd'hui en Birmanie "un potentiel pour une montée des tensions", analyse un expert occidental en poste en Birmanie, sous couvert de l'anonymat. Or ce sommet "est un moment très important pour que tous avancent vers un consensus", ajoute-il.
    Entre autres faillites du gouvernement actuel, un cessez-le-feu avec l'ensemble des groupes armés des minorités ethniques (forces politiques cruciales dans ce pays aux 150 ethnies) est toujours lettre morte.
    Le président Thein Sein a convié vendredi aux discussions le chef de l'armée, les six principaux partis politiques et les présidents des deux Chambres du Parlement.
    L'annonce de la rencontre de Naypyidaw survient quelques jours seulement après l'annonce par la Commission électorale que les législatives seraient organisées fin octobre-début novembre 2015.
    Le calendrier d'organisation des élections semble donc enfin s'accélérer, à quelques jours d'un sommet de l'Asean mi-novembre à Naypyidaw où le président Obama est attendu, étape de sa grande tournée asiatique.
    Les élections législatives partielles de 2012 avaient été largement remportées par la LND. Celle-ci avait boycotté les législatives de 2010, décriées comme frauduleuses.

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