• 08/10/14

    La Thaïlande sur le point de revenir au rang de premier exportateur de riz.

    Deux ans après avoir perdu sa place de premier exportateur mondial de riz, la Thaïlande vise un retour sur la première marche, alors que l’impact du programme avorté de subventions se dissipe et que le pays vend son riz moins cher sur un marché mondial reconnaissant.
    Cette mesure d’aide gouvernementale qui proposait aux riziculteurs d’acheter leur riz à des prix jusqu’à 50% au-dessus du marché, avait aidé l’ancienne Première ministre Yingluck Shinawatra à gagner les votes des populations rurales dont elle avait besoin pour être élue en 2011.
    Mais ce programme a secoué le marché mondial avant d’imploser de manière spectaculaire, laissant la Thaïlande avec environ 18 tonnes de riz trop cher et Yingluck accusée de corruption.
    En 2012, la Thaïlande avait été détrônée de la première place des exportateurs de riz par l’Inde, alors que les acheteurs ripostaient face à la tentative du royaume de tirer les prix du marché mondial vers le haut en stockant son riz dans l’espoir de financer son coûteux programme.
    L’inde et le Vietnam avaient alors profité sans attendre de la fragilité de la Thaïlande pour engloutir ses parts de marché, le gouvernement indien libérant davantage de son propre riz pour l’exportation.
    La junte thaïlandaise, qui a pris le pouvoir en mai, a mis fin au programme de subventions du riz peu après le coup d’état et s’efforce maintenant de vendre les réserves afin de faire baisser le prix autour de 450 dollars la tonne (comparable aux prix en Inde et au Vietnam).
    Beaucoup prédisent maintenant que l’industrie du royaume est apte à revenir à la conquête le marché.
    "Je suis sur que nous pouvons récupérer notre titre mondial cette année" a déclaré le président honoraire de l’association des exportateurs de riz thaïlandais (Thai Rice Exporters Association), Chookiat Ophaswongse.

    Revenir au plus haut niveau.

    De janvier à début septembre, le royaume a vendu sept millions de tonnes de riz (déjà plus que sur la totalité de l’année 2013) selon Chookiat.
    Dix millions de tonnes devraient être vendues d’ici la fin de l’année, alors que les experts appellent les producteurs à se concentrer sur l’augmentation de la qualité du riz (et donc du prix).
    Darren Cooper, économiste sénior au conseil international du riz (International Grains Council) basé à Londres, dit qu’il est "possible que la Thaïlande puisse passer devant l’Inde en 2014", expliquant que le royaume a déjà récupéré des parts du marché africain, clé, qu’il avait perdu comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Ghana.
    "La vraie histoire sera l’année prochaine, quand, je pense, la Thaïlande sera de loin le plus important exportateur au monde" a-t-il dit.
    Cela dépendra aussi beaucoup de l’Inde, ajoute Cooper, New Delhi ayant inondé le marché de son riz pour compenser le retrait du riz thaïlandais et éviter les risques d’une crise alimentaire mondiale.
    Les dirigeants militaires thaïlandais se penchent sérieusement sur la culture de la subvention publique du royaume, notamment pour le riz et autres produits d’exportation majeurs tels que le caoutchouc.
    Ils ont payé la plupart des riziculteurs, dont plusieurs centaines étaient descendus dans la rue après y avoir été de leur poche lorsque les banques ont refusé de prêter des fonds à l’administration sous pression de Yingluck pour maintenir le programme de subventions.
    Mais pour rendre les fermiers indépendants, ils se concentrent sur la baisse des coûts de production, y compris sur les engrais et les machines.
    La junte a "demandé la coopération" de fournisseurs afin de réduire les coûts, a déclaré le directeur général adjoint du département du riz au Ministère de l’Agriculture et des Coopératives, Paitoon Urairong.
    C’est une demande que les entreprises ont "acceptée" de mettre en place, a-t-il dit, soulignant le besoin des fermiers de cultiver un riz de haute qualité ; plutôt que le riz de qualité inférieure de ces dernières années.
    Tandis que la perte des grandes aides de l’état met les riziculteurs en colère, certains experts affirment qu’une plus grande efficacité est à venir.
    "Il est plus sain d’aider les fermiers en fournissant des subventions à l’achat d’intrants, comme des graines ou d’autres apports agricole", a déclaré Hiroyuki Konuma, représentant régional en Asie et Pacifique de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
    Hiroyuki a également encouragé un changement vers un riz plus cher sur le marché, comme le jasmin ou le riz bio.

    "Tout est parti !"

    Les critiques ont mis au pilori la politique phare de subvention du riz de Yingluck lui reprochant d'avoir endommagé les principales exportations de la Thaïlande en incitant les fermiers à faire de grandes récoltes sans se soucier de la qualité.
    Pour les manifestants qui ont occupé les rues de Bangkok pendant les mois précédents le coup d’Etat, cette politique était un acte cynique de populisme qui a abimé les finances de l’état simplement pour s'assurer le soutien des régions rurales du Nord et Nord-est à Yingluck.
    Yingluck a été déclarée coupable de négligence en lien avec ce programme et pourrait maintenant faire face à une procédure d'empêchement qui peut lui valoir le bannissement de la vie politique.
    Mais elle a nié avoir mal agi et insiste sur le fait que cette politique était une tentative bien intentionnée d’augmenter les revenus des ruraux pauvres en Thaïlande, un projet saboté par ses rivaux politiques.
    Maintenant, la position de la junte vis-à-vis des subventions fait réagir les campagnes.
    La proposition de réduire les coûts de production n’est "pas suffisante", a déclaré le président de l’association des producteurs de riz (RiceFarmers Association), PrasitBoonchei.
    Selon lui, les fermiers doivent investir en moyenne 6.500 bahts (200 dollars) par rai (1.600 m2) pour produire 800kg de riz.
    Une telle récolte vaut entre 7.000 et 8.000 bahts, ce qui est bien en dessous des 10.000 bahts, qui seraient un revenu convenable, explique-t-il.
    Cette semaine la junte a offert une aide d’environ 1.000 bahts par rai afin d’atténuer les problèmes des fermiers mais l’aide maximale de 15.000 bahts semble dérisoire comparée aux revenus garantis par la subvention du riz.
    Depuis sa ferme dans la province de Nakhon Pathom, près de Bangkok, Praneet Pinthin explique que l’arrêt de la subvention l’a obligé à prélever 4.600 dollars pour couvrir l’augmentation des coûts.
    "Tout est parti", a-t-il déclaré à l’AFP, ajoutant qu’il est maintenant endetté ; situation que les nouvelles dépenses ne vont pas améliorer.
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