• Baisee du prix du caoutchouc...

    La Thaïlande, leader du caoutchouc naturel, face à la chute des prix

    Face à la chute du prix du caoutchouc, dont la Thaïlande est le premier producteur mondial, les cultivateurs testent la détermination de la junte à rompre avec la politique des subventions agricoles.
    Le cours mondial du caoutchouc naturel est tombé à 43 bahts (un peu plus d'un euro) le kilo, au terme d'une lente dégringolade depuis trois ans.
    En 2011, le prix était trois fois plus élevé, à 120 bahts, une manne (aujourd'hui tarie) pour les six millions de planteurs d'hévéas de Thaïlande.
    La plupart d'entre eux vivent dans le sud du pays, fief des élites traditionnelles ultra-royalistes ayant soutenu le coup d'Etat de mai.
    Maintenant, ces cultivateurs d'hévéas, qui avaient manifesté en masse à Bangkok durant les mois précédant le putsch, espèrent être récompensés par la junte militaire pour leurs bons et loyaux services.
    Parmi eux, Jade Charongan, cultivateur d'hévéas de la province méridionale de Phang Nga.
    Chaque matin, avant l'aube, il se livre au même rituel: entailler les troncs de ses 500 hévéas pour en faire couler la précieuse sève blanche, pressée ensuite en larges feuilles de caoutchouc naturel. La température est supportable et le caoutchouc liquide à cette heure-là.
    Ses revenus mensuels plafonnent désormais à 130 dollars, dit-il, tout en entaillant un arbre à la lueur d'une lampe torche.
    Il y a trois ans, il gagnait encore jusqu'à cinq fois plus, avec des cours mondiaux portés alors par une forte demande de la Chine.
    "Maintenant, le prix du caoutchouc est très très bas et la vie est dure", se lamente Jade.
    Le royaume produit quatre millions de tonnes de caoutchouc par an, dont une large part a l'exportation, selon l'Association des cultivateurs d'hévéas de Thaïlande.
    Ces exportations représentent encore quelque 8 milliards de dollars par an, malgré la chute des cours mondiaux.
    Mais des cultivateurs d'hévéas n'hésitent pas à se dire inquiets et déçus de la junte, après plus de cinq mois aux manettes.
    "Quand la junte a pris le pouvoir, nous nous attendions à une probable hausse du prix du caoutchouc", explique Somjai Chomkhwan, 51 ans, cultivateur faisant partie des milliers d'agriculteurs du sud montés à Bangkok pour manifester contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, jusqu'à sa chute.
    "Mais cela fait des mois maintenant, et le prix du caoutchouc continue de baisser", dit-il.
    Les associations de cultivateurs appellent la junte à leur garantir un prix de 80 bahts le kilo de caoutchouc.
    "Si le gouvernement n'ajuste pas le prix, nous irons rencontrer le Premier ministre" et chef de la junte, Prayuth Chan-O-Cha, menace Sawad Ladpala, président de l'Association du caoutchouc de Thaïlande.
    La colère des producteurs de caoutchouc fin 2013 était alors dirigée contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, accusé d'une politique de deux poids-deux mesures avec leurs subventions aux riziculteurs.
    Ceux-ci se trouvent en effet principalement dans le nord et le nord-est de la Thaïlande, fief électoral des Shinawatra.
    La junte affirmait la plus grande détermination, à ses débuts, à rompre avec la politique des précédents gouvernements de subvention à l'agriculture.
    Mais face aux cris d'alarme des riziculteurs et des cultivateurs d'hévéas, elle a déjà lâché du lest.
    Et Prayuth a promis une aide d'un milliard de dollars pour aider les cultivateurs d'hévéas à encaisser la baisse des cours, sans pour autant aller jusqu'à leur garantir le prix réclamé de 80 bahts.
    Il préconise une stimulation du marché intérieur, le développement des industries de transformation du caoutchouc en produits à plus forte valeur ajoutée. Et appelle aussi les cultivateurs à se diversifier, en faveur de l'huile de palme par exemple.
    Dans son adresse télévisée du 26 septembre, Prayuth avait imploré les cultivateurs d'hévéas d'être patients.
    "Le gouvernement va sans doute verser de l'argent", continuant le cycle des subventions, analyse Viroj NaRanong, du Thailand Development Research Institute.
    "Mais comme avec les riziculteurs, certains diront +C'est mieux que rien+, d'autres diront +ce n'est pas assez+", conclut-il.

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