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    FREEDOM PARK

    Cinq députés de l’opposition, dont Mu Sochua, risquent jusqu’à 30 ans de prison.

    Difficile de comprendre ou d’interpréter l’arrestation des députés du CNRP suite aux violences de mardi dernier à Freedom Park. Difficile aussi d’expliquer cette explosion de violence soudaine des militants de l’opposition, paraissant évidente pour certains, suspecte pour d’autres.
    La cour municipale de Phnom Penh a accusé les cinq députés de l’opposition Mu Sochua (Battambang), Men Thavrith (Kampong Thom), Keo Phearum (Kratie), Ho Vann (Phnom Penh), Real Khemrin (Svay Rieng) et Oeur Narith, chargé des manifestations au sein du département des affaires publiques du CNRP, d’incitation à la violence et d’avoir mené un mouvement d’insurrection à Freedom Park, mardi 15 juillet, lors d’une manifestation organisée par le CNRP. Ils risquent de 2 à 30 ans d’emprisonnement en vertu des articles 28, 218, 459 et 495 du code pénal et ont été transférés à Prey Sar, la plus grande prison du pays située à Phnom Penh.
    Le 15 juillet, la manifestation organisée par le CNRP à Freedom Park s’est rapidement transformée en affrontement entre des manifestants et des gardes de sécurité engagés pour ce genre d’occasion et postés aux quatre coins de Freedom Park. Selon l’organisation locale de défense des droits de l’Homme LICADHO, près de 300 personnes étaient présentes et les gardes de sécurité se trouvaient sur les lieux dès 8 heures du matin afin d’empêcher les manifestants d’approcher de l’endroit de la manifestation. Les violences ont commencé au nord de Freedom Park alors que certains manifestants étendaient une banderole « Free the Freedom Park » (Libérez Freedom Park) sur les fils barbelés installés pour bloquer l’entrée au parc. Des gardes de sécurité et des manifestants ont été passés à tabac, certains journalistes ont été blessés et des gaz lacrymogènes lancés. Selon les observateurs présents sur le terrain, au moins 31 personnes ont été blessées dans les violences. Certains des gardes de sécurité souffrent de blessures les plus sérieuses, selon les médecins de l’organisation.
    Mu Sochua, Men Thavrith et Keo Phearum ont été arrêtés pendant les heurts et emmenés au commissariat de Phnom Penh. Aucune des personnes ayant commis des violences sur les gardes de sécurité ou sur les militants n’a été arrêtée à cette heure.

    Un CNRP qui ne réagit pas ?

    Alors que les membres de la société civile, tels que le Cambodian Center for Human Rights (CCHR), s’expriment ouvertement sur des « accusations trop lourdes » et demandent une révision des chefs d’accusation, le CNRP n’a réagi que mollement aux accusations faites à l’encontre de ses députés le même jour. Le 16 juillet, avant que ces chefs d’accusations ne soient annoncés, Kem Sokha avait toutefois demandé la libération des députés et de l’employé du CNRP lors d’une conférence de presse et, s’adressant à la communauté internationale, de suspendre les aides financières en faveur du Cambodge. Il a également appelé les signataires des Accords de Paris de 1991 de respecter leurs engagements.
    Pour autant, l’absence d’une réaction appuyée de Sam Rainsy, leader de l’opposition, interpelle. Alors que cinq des députés de son parti risquent 30 ans de prison, l’homme politique s’est contenté de relayer sur son Facebook l’appel de Kem Sokha demandant la libération des élus du CNRP. Toujours prompt à mettre en avant les exactions et les atteintes à la démocratie ou la liberté d’expression du gouvernement, à tort ou à raison, l’absence ou quasi-absence de Sam Rainsy laisse perplexe.

    Des questions sans réponses

    Comment expliquer une explosion si soudaine de violence de la part des manifestants du CNRP et plus largement des opposants au Premier ministre ? Est-ce une réaction soudaine aux violentes répressions subies – mortelles aussi – par les opposants au Premier ministre depuis des mois, et peut-être depuis bien plus longtemps ? Comment interpréter l’arrestation des élus de l’opposition qui n’étaient pas impliqués, du moins physiquement, à ces exactions alors que pas le moindre des auteurs de ces violences – dont certaines sont plus qu’extrêmes - n’a été encore interpellé ? Pourquoi le ministre de la Justice a convoqué certains des ambassadeurs étrangers afin de leur expliquer les raisons des arrestations des six, désormais accusés d’avoir menés une tentative d’insurrection ? Pourquoi le procureur a dépêché, en fin de matinée, cinq autres procureurs, un par détenu, pour accélérer la procédure judiciaire ? …
    La litanie des questions et des suppositions suite à ces événements éloigne, du moins pour un temps, l’espoir de l’aboutissement des négociations entre les deux partis, pourtant si proches d’un accord il y a peu. Et l’ironie de l’histoire est que Mu Sochua, instigatrice de cette lutte non-violente et symbolique de « Free Freedom Park » au mois d’avril, et qui par son action, solitaire au départ, a su capter l’attention d’un plus large public, se retrouve aujourd’hui accusée d’incitation à la violence préméditée et de mener un mouvement d’insurrection, passible de 30 ans de prison. Reste à savoir quand le procès se tiendra, ce qu’il en découlera et comment l’opposition compte réagir, si toutefois elle le peut ou souhaite vraiment, et avec qui et quel soutien. Il est bien difficile de s’avancer.

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