Internet et armée

Un projet de loi inédit de cybersécurité annonce la fin des cyberlibertés

Si le Parlement nommé par la junte approuve ce texte, cela "permettra aux fonctionnaires d'avoir accès à toutes informations transmises par courrier, téléphone, fax, ordinateur ou tout équipement électronique", explique Dhiraphol Suwanprateep, avocat thaïlandais spécialisé dans la réglementation d'internet, interrogé par l'AFP.
"Nous devons avoir une sécurité nationale, sinon chacun n'en fait qu'à sa tête. Et s'il y a une menace à la sécurité nationale (...), nous devons donner la possibilité aux fonctionnaires de mener l'enquête", a martelé le général Prayut Chan-O-Cha devant la presse.
Cette annonce intervient dans un contexte de forte restriction des libertés depuis le coup d'Etat de mai 2014, dans un pays sous loi martiale où les opposants sont déjà traqués jusque sur internet.
La Thaïlande est déjà dotée d'une loi controversée de sécurité informatique, la "Computer crime act", souvent utilisée dans des affaires de lèse-majesté. La junte militaire, qui a pris le pouvoir au nom de la défense du roi Bhumibol, 87 ans, a multiplié les arrestations pour lèse-majesté, un crime punissable de 15 ans de prison.
"Nous sommes inquiets car le contenu de la loi est très vague", s'inquiète Thitima Urapeepathanapong, représentante du groupe Netizen.
Cette organisation respectée de défense des droits des internautes, qui a pu avoir accès au projet de loi, s'inquiète notamment de la section 35 du texte, qui "dit qu'il n'y aura plus besoin d'autorisation d'un juge" pour accéder aux données.
Le Comité de protection des journalistes (Committee to protect journalits, CPJ) a ajouté récemment sa voix aux critiques de cette loi estimant qu'il représentait "un danger clair et immédiat pour la liberté des médias".