• Justice dans les îles

    Des preuves ADN "épuisées" pour la défense

    Une nouvelle zone d’ombre s’est ajoutée dimanche à l’affaire déjà obscure du meurtre de deux touristes britanniques en septembre dernier sur l’ile de Koh Tao, pour lequel deux sans-papiers birmans risquent la peine de mort. Les avocats de ces derniers ont déclaré que des échantillons ADN les plus déterminants pour la défense ne pourront être réexaminés par des experts indépendants car ils étaient épuisés. Ils n’ont pas dit leur dernier mot.
    Les avocats des deux jeunes birmans accusés du meurtre de deux vacanciers britanniques sur l’ile de Koh Tao en septembre dernier ont confirmé vendredi que la défense ne sera pas en mesure de mener de nouveaux tests ADN à partir des prélèvements effectués sur les corps des victimes.
    Zaw Lin et Win Zaw Tun sont accusés du meurtre le 15 septembre 2014 de David Miller, 24 ans, et du viol suivi du meurtre de Hannah Witheridge, 23 ans, sur l’ile de Koh Tao. Si reconnus coupables, ils peuvent faire face à la peine de mort. Les deux ont plaidé non coupable.
    La police thaïlandaise et le procureur ont affirmé que les preuves pointent la culpabilité des deux jeunes, âgés de 22 ans, et que leur ADN a été retrouvé sur le corps de Hannah Witheridge.
    Mais la défense accuse la police d’avoir arrêté des bouc-émissaires et d’avoir bâclé l’enquête en obtenant des confessions sous la torture, comme l’on déclaré Zaw Lin et Win Zaw Tun après s’être rétractés quelque jours après leurs aveux.
    Les avocats de la défense avaient demandé au tribunal de l’ile voisine de Koh Samui la permission de procéder à des contre-analyses des preuves incriminant leurs clients, notamment tous les échantillons ADN et preuves physiques relevés sur la scène du crime en possession de la police. La cour avait donné vendredi réponse positive.
    Mais il y a eu une confusion sur quels échantillons, parmi ceux en possession de la police, pouvaient encore être utilisés, notamment les prélèvements déterminants pris sur les corps de David Miller et Hannah Witheridge.
    L’avocat de la défense Nakhon Chomphuchart a déclaré à l’AFP samedi que seulement une partie des preuves trouvées sur la scène du crime auraient pu être réexaminées, dont une houe de jardin supposée être l’arme du crime, une chaussure, une chaussette et des sachets en plastique.Mais pas les prélèvements effectués sur les corps des victimes, qui figuraient parmi les échantillons ADN utilisés dans les analyses par la police. "Nous voulions pouvoir tester davantage mais pour les autres éléments nous ne disposons plus des échantillons pour les comparaisons", a-t-il déclaré.
      La semaine passée, un témoin avait affirmé d’avoir déplacé et lavé la houe de jardin quand il l’avait trouvée peu après la découverte des corps des deux backpackers.
    "L’ordonnance de la Cour signifie qu’il n’est pas possible de réexaminer les preuves ADN prélevées sur les corps de Hannah et David", a indiqué Andy Hall, activiste britannique pour les droits de l’homme basé en Thaïlande, qui a récolté de l’argent pour les deux accusés et est conseiller de leur équipe légale.
    "Zaw Lin et Wai Phyo (Win ZawTun) n’ont aucune chance de voir réexaminées les preuves scientifiques stockées en Thaïlande les impliquant dans le crime dont ils sont inculpés", a-t-il expliqué, ajoutant que l’intégrité de l’enquête de police "a été sérieusement compromise" par le manque d’échantillons réexaminables.
    Andy Hall a néanmoins fait savoir que la défense envisage d’emmener au procès des preuves obtenues en Grande Bretagne qui, affirment-ils, contredisent les thèses de l’accusation.
    "Nous avons vu des preuves importantes de l’enquête britannique qui contredisent certaines parties du dossier de l’accusation, mais nous ne pouvons pas dire qui nous les a données et quelle est la nature de ces preuves jusqu’à ce qu’elles soient présentées devant le tribunal", a-t-il affirmé.
    Alertée par la gestion initiale de l’enquête  (marquée notamment par le fait que l’ile n’avait pas été bouclée, tout comme que la scène du crime sur laquelle badauds et reporters avaient pu se promener à leur guise durant les heures suivant la découverte du crime) une équipe de détectives de Scotland Yard s’était rendue en Thaïlande en novembre pour observer le déroulement du reste de l’enquête. Une participation des autorités britanniques "inquiètes" dans un premier temps refusée par les autorités thaïlandaises puis plus tard soumise à condition.
    Les autorités thaïlandaises ont la réputation d'accuser facilement les travailleurs migrants de Birmanie et du Cambodge de crimes commis dans le royaume, où ils constituent une abondante main d’œuvre bon marché, mal payée et peu considérée.
    Les corps de David Miller, 24 ans, et Hannah Witheridge, 23 ans, avaient été découverts dénudés, le 15 septembre à l'aube sur une plage de Koh Tao, petite île d'ordinaire tranquille. L’industrie touristique, vitale pour la Thaïlande, commençait alors tout juste à renaitre après plusieurs mois de manifestations politiques qui avaient culminé en un coup d’Etat militaire en mai 2014.
    Le procès se déroule sur 18 journées échelonnées entre juillet et septembre et le verdict est attendu pour octobre. La prochaine audience est prévue le 22 juillet.

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