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KOH TAO
Koh Tao : l’enfer du décor
La Thaïlande n'a pas la réputation d'être un pays dangereux : les femmes seules par exemple, peuvent y voyager facilement sans risque d'être agressées ou même importunées. Aussi lorsqu'un meurtre, ou un décès suspect a lieu dans une destination touristique, le retentissement médiatique est aussitôt énorme. Le tout relayé par la puissances des média sociaux, qui peuvent facilement transformer un fait divers en buzz planétaire en quelques heures.
Jusqu’au 15 septembre 2014, le nom de Koh Tao n’évoquait rien d’autre que des plages paradisiaques, et un endroit bien connu des amateurs de plongée sous-marine.
Aujourd’hui ce n’est plus tout à fait la même chose : Koh Tao existe toujours et reste un endroit pacifique très fréquenté par les touristes, mais le nom est aussi devenu un synonyme de la résurgence d’un coté sombre de la Thaïlande.
Un coté que les touristes n'ont généralement pas l'occasion de rencontrer au cours de leur séjour en Thaïlande, qui n'a d'ailleurs pas du tout la réputation d'être un pays dangereux.
Un coté violent et corrompu, où l'application de loi est l'apanage d'une police qui fait parfois preuve de plus de zèle pour tabasser les suspects, que pour chercher les vrais coupables.Quatre morts en moins de six mois
Au total ce sont quatre étrangers qui sont décédés sur l’île depuis le mois de septembre, mais à chaque fois dans des circonstances très différentes.
Le dernier décès en date a eu lieu le 21 janvier 2015: une jeune touriste britannique âgée de 23 ans a été retrouvée morte dans son bungalow. La nouvelle a rapidement fait le tour du monde, et a aussitôt été associée au double meurtre de deux touristes, eux aussi britanniques, au mois de septembre 2014.
Christina Annesley qui était arrivé du Royaume Uni quelques jours plus tôt, est pourtant probablement décédée de manière accidentelle, après avoir absorbé une surdose de médicament anti-douleur mélangés avec de l’alcool.
L'autopsie a en effet révélé que son corps ne présentait aucune trace de violence.Un Français suicidé les mains attachées dans le dos
Mais les choses sont beaucoup moins claires en ce qui concerne le décès d’un touriste français survenu le 1 janvier.
Dimitri Povse, 29 ans, a été retrouvé pendu avec les mains attachées dans le dos dans son bungalow : la police a pourtant retenu la thèse du suicide, jugée très improbable par plusieurs experts.Un double meurtre très médiatisé
Mais le plus grave est sans doute le meurtre sauvage à l'arme blanche sur une plage de Koh Tao en septembre dernier de Hannah et David Miller Witheridge.
Les corps de David Miller, 24 ans, et Hannah Witheridge, 23 ans, avaient été découverts le 15 septembre à l'aube sur une plage de Koh Tao, battus à mort avec un gourdin et un ustensile de jardin.
Après des semaines d’enquête, la police thaïlandaise (qui a négligé de boucler l'île après avoir découvert le meurtre) a arrêté deux jeunes travailleurs migrants originaire de Birmanie.
Mais les deux jeunes hommes âgés de 21 ans ont maintenant rétracté leurs aveux, en déclarant qu'ils ont été torturés pendant les interrogatoires.
L'affaire a eu un retentissement considérable dans les médias, car jamais auparavant l'île de Koh Tao n'avait été associée à un endroit dangereux.Des morts anonymes
Pourtant au cours des 12 derniers mois 362 Britanniques sont morts en Thaïlande, beaucoup plus qu'en France, qui attire pourtant près de 20 fois plus de touristes britanniques que la Thaïlande.
Mais ceux là sont des morts anonymes, accidentés de la route pour la plupart, et ils n'arrivent pas sur le radar des médias, ou des réseaux sociaux.
Cette mortalité anormalement élevée n'est pas lié au crime, mais serait plutôt le résultat des caractéristiques démographiques des touristes qui visitent la Thaïlande (plus jeunes que la moyenne), combiné au fait que la Thaïlande est un des pays les plus dangereux au monde en matière de sécurité routière.
Statistiquement, vous avez beaucoup plus de chances de mourir dans un accident de voiture, ou de moto, en Thaïlande, que de vous faire poignarder sur une plage. Mais l'effet de loupe des médias, et surtout des réseaux sociaux, pourrait faire croire qu'il en est autrement.
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